Etienne Moulinneuf
(Marseille 1715 / 20 – Marseille 1789),
« Autoportrait en trompe-l’œil avec coquillages et objets scientifiques »
(Papier marouflé sur toile collée sur panneau – 1769
75.5cm x 62.9cm)
Etienne Moulinneuf est un peintre qui fut nommé professeur et secrétaire perpétuel de l’Académie de Peinture et de Sculpture de Marseille (fondée en 1753 sous le patronage de l’Académie de Paris).Le tableau acquis par notre musée est son morceau de réception.
Il a la particularité d’être à lui seul un autoportrait (le seul connu de l’artiste), une nature morte et un trompe-l’œil (imitation d’une gravure).
L’œuvre est la réponse de Moulinneuf à une controverse. Il avait en effet d’abord présenté une composition similaire avec, en trompe-l’œil, une illustration inspirée de l’Enlèvement d’Europe de François Boucher. Or, la peinture fut rejetée par le jury et l’auteur accusé de tromperie pour avoir collé une gravure existante.
Afin de faire taire ses détracteurs, Moulinneuf prit le parti de présenter une composition avec une gravure inexistante : son portrait. A la suite de quoi, le tableau fut accepté et son auteur intronisé.
Toutefois, certains dénigreurs ne renoncèrent pas : le peintre aurait contrecollé sur le tableau une feuille de papier avec son portrait ou se serait contenté de dessiner son visage sur un support dont le fond était préalablement gravé et laissant apparaître les cuvettes, il aurait collé de vrais insectes, une mouche et un papillon dans le cadre situé en bas à droite, il aurait découpé et contrecollé le globe terrestre…
Après 250 ans de doutes le C2RMF (laboratoire du Louvre) a balayé toutes ces conjectures. Moulinneuf a véritablement réalisé une peinture sur une seule feuille de la dimension du tableau. Utilisant la technique des miniaturistes, il a dessiné une gravure imitant les traits du burin et a créé par couches successives de matière le relief des cuvettes. Toujours à l’aide d’un pinceau monopoil, il a tracé les détails du globe et des animaux.
Découvert à la dernière TEFAF chez Moatti Fine Arts, c’est le premier Moulinneuf à entrer dans les collections publiques françaises. Il a été acheté par la ville de Sainte-Ménehould pour son musée d’Art et d’Histoire avec le concours du FRAM et de la région Champagne-Ardenne.